Disons le tout net, l'achat d'un loft nous fait bien rêver ! Non ? Qui n’a pas envie de beaux volumes à Paris ou en proche banlieue, de grandes verrières, d’espaces décloisonnés et d'ambiance décoration de “coffee table book”. Mais qu’est-ce qu’un loft vraiment ? Ressemblent-ils tous à cette image d’Epinal...ou de New York ? N’y-a-t-il pas aussi quelques inconvénients susceptibles de faire réfléchir les acquéreurs ? Sommes nous tous d’ailleurs faits pour cela ? Petite revue et conseil pour l'achat de loft.
Le loft, c’est souvent celui qui en rêve sans y vivre qui en parle avec le plus d'engouement ! Alors, pour mieux éclairer ses différentes facettes, repartons des 6 principales motivations d’acheteurs de cet objet du désir !
N°1 : "Je rêve d'un vrai loft genre ancienne usine ..."
Dans l’imaginaire collectif, un loft (de l’allemand “luft” d’ailleurs, qui signifie “espace” et “air”) est un espace entièrement ouvert, décloisonné, équipé de grandes ouvertures de type verrière ou grandes baies vitrées. Il possède aussi des matériaux bruts (murs en pierre, en briques, ...) ou des éléments d’origine (poutres métalliques, gaines,...) rappelant souvent l’histoire industrielle du lieu. Il faut dire en effet que le concept de loft est né aux Etats-Unis dans les années 70 en pleine période de désindustrialisation des centres villes quand des artistes se sont emparés d'entrepôts, d’ateliers ou d’usines désaffectés pour en faire leurs habitations. Puis, comme une traînée de poudre, le concept de loft s’est exporté outre atlantique : il a quitté Brooklyn, Soho ou Tribeca pour s’installer dans les capitales européennes.
A Paris, c’est dans les années 90 avec la crise économique que les lofts se sont développés. D'une part dans les arrondissements plus ouvriers ou plus artistiques et intellectuels du nord et de l’est de Paris comme le 11ème, 12ème, 18ème, 19ème et 20ème. D'autre part en banlieue limitrophe, notamment à Ivry-sur-Seine, Montreuil, Bagnolet, Pantin ... Bref, pour les puristes et les architectes, aucun doute n’est permis : un "vrai loft", c’est un bâtiment industriel ou un atelier de manufacture réhabilité et transformé en habitation.
Et en même temps… Beaucoup de lofts ne sont pas des “vrais lofts”. Les ateliers d’artiste, par exemple, sont souvent associés au concept de loft alors que ce sont par définition des ateliers de sculpture réhabilités (en rez-de-chaussée) ou de peinture (en dernier étage orienté nord pour la lumière). On en trouve donc plutôt dans le 9ème, 14ème et 18ème. De même, les boutiques transformées en habitations, souvent dans le centre, sont aussi assimilées à des lofts. Même si, on le verra, c’est pourtant souvent bien différent en terme d’espace ou de lumière ! Par contre, les “vrais faux lofts” des agents immobiliers sont légions : faîtes une recherche au hasard sur SeLoger et amusez-vous à compter le nombre de “façon loft” ou “style loft” ! Une blague ! Il faut dire que le mot plaît et fait vendre, et le moindre appartement “atypique” sans charme avec un peu de hauteur sous plafond devient vite un loft par miracle, quand ce n’est pas un souplex qui s’ignore !
N°2 - "Faire l'achat d'un loft parisien pas cher et le rénover"
A l’origine, dans les années 70-80 aux US, 90 en France, le loft était un mode d’habitat économique accessible pour une population à plus faible moyen et plutôt ouverte sur des cultures et habitats alternatifs. C’était souvent aussi une opportunité de concilier dans un même lieu un espace de travail et une habitation pour un coût raisonnable. Encore aujourd’hui, logiquement, pour beaucoup d’acheteurs malins, le rêve est l'achat d'un local (usine, boutique, atelier...) “pas trop cher, avec plein de travaux mais du potentiel pour en faire un super loft”. Adieu les haussmanniens hors de prix, vive les lofts à retaper et les bonnes affaires !
Et en même temps… Pas si simple ! Pour Eric Chatry, cofondateur de la startup de chasse immobilière Je Rêve d’une Maison, 85% des lofts ont en fait déjà été rénovés par les précédents propriétaires. Moralité, la plus value est déjà réalisée et le prix s’en ressent. Les lofts ne sont plus des produits accessibles dans beaucoup de quartiers, la rareté fait que l'on est souvent dans l’univers du loft de luxe. Pour Cédric Resche de Lofts & Associés, “les acheteurs étrangers d’Europe du Nord et des Etats-Unis apprécient également énormément ce type de configuration, ce qui tire les prix vers le haut". S’il reste des opportunités, elles se trouveront près des portes de Paris ou en banlieue, pas dans le centre. L’occasion de découvrir Montreuil, Pantin ou d’autres villes à portée de métro. Pourquoi pas !
N°3 : "Adieu les cloisons, vive la liberté d'un loft parisien !"
Ah, quel plaisir de ne plus avoir de murs ! Pour certains psychosociologues comme Monique Eleb, il y a même une dimension inconsciente : "Vivre, ou vouloir vivre, dans un espace ouvert, moderne et libre dit beaucoup de nous, car on se prête les qualités de notre habitation. C'est une façon de rompre avec le côté bourgeois assis" explique-t-elle. Sans aller jusque là, avec une surface moyenne de 145 m2, les lofts offrent une impression de liberté et de respiration unique. La raison : l’absence de cloisons et la facilité de circulation. Pas étonnant du coup, selon l’étude Espace atypique de Juillet 2017 sur 250 acheteurs, que près de 60% d’entre eux, craquent sur un coup de coeur et le sentiment d'espace.
Et en même temps….Autant l’avouer, habiter un grand espace à plusieurs est sportif. Pour Marie, propriétaire d’un loft à Montreuil, il faut être au clair avec son rapport au rangement. “Moi, je suis un peu maniaque, donc c’est toujours nickel, mais sinon, un loft, c'est vite le bazar. Cela ne pardonne pas. On ne peut rien cacher surtout quand on a du monde à la maison !”. Quant aux activités, autant être bien synchro et aimer la vie en partage, car il est parfois difficile de s’isoler ! “Tout le monde profite de la télé, de la musique ou du lave vaisselle, autant le savoir quand on veut travailler ou faire autre chose” explique Alexandre son mari. D’ailleurs, “dans les appartements traditionnels, nos acheteurs adorent faire tomber des cloisons, mais c’est l’inverse dans les lofts” explique Audrey, architecte de formation et "home catcher". “La tendance est à recloisonner les lofts, notamment les chambres, les salles de bains voire un bout de cuisine. Le tout est de la faire intelligemment, par exemple avec des parties en verre” poursuit-elle.
N° 4 : "Du volume, du volume, du volume ! ...c'est ça un loft"
6 mètres sous plafond, qui n’en rêve pas ! Et ce n’est pas si rare de voir de tels volumes extraordinaires dans des anciens ateliers ou des anciennes usines. La verticalité offre du coup des possibilités d’aménagement infinies, avec par exemple un étage intermédiaire ou une mezzanine pour habiller et augmenter les espaces de vie. Autre idée subtile : créer une différence de niveaux de quelques marches au rez-de-chaussée, par exemple entre une salle à manger et un salon, avec pourquoi pas des types de sols différents pour mieux rythmer l’espace.
Et en même temps…il n’y a pas que des avantages aux grands volumes....Attention par exemple à l’effet “hall de gare” et aux résonances désagréables. Des matériaux “chauds” comme du bois ou du textile peuvent cependant y remédier en partie. Par ailleurs, un loft en rez-de-chaussée peut poser de sérieux problème d’intimité en cas de vis-à-vis ou d’éclairage zénithal par le toit. Personne n'aime avoir ses voisins "chez soi" ! Enfin, comment ne pas craindre le sujet du chauffage et de l’aération qui peut selon les configurations s’avérer compliqué. Trop chaud en été, trop froid en hiver et à l’arrivée un sérieuse facture énergétique ! La solution pour plus de confort : installer un extracteur d'air, bien isoler la couverture, les sols idéalement, puis les ouvertures en double vitrage et les murs.
N° 5 : "Un loft pour de la lumière à profusion"
De tout, la lumière, comme le volume, est sans doute l’élément le plus attractif dans un loft. Normal, toutes les photos de lofts industriels ou d’ateliers d’artiste font montre de gigantesques verrières ou des baies latérales des ultra lumineuses, souvent même traversantes. Le rêve quoi ! L’unique problème serait presque de savoir comment y accrocher des tableaux ou poser ses meubles !
Et en même temps… Pour un loft de magazine, combien d’autres lofts où l’essentiel de l’éclairage est zénithal par une verrière, un “shed” (ces toitures en dents de scie en partie vitrée) ou un skydome. De plus, les configurations de nombreux lofts font que 3 des 4 côtés sont souvent sans fenêtre. Cela rend l'éclairage en fond de loft particulièrement complexe, notamment pour les anciennes boutiques étroites côté rue. Il faut alors rivaliser d'ingéniosité pour faire entrer la luminosité : créer un puit de lumière, aménager des parois en verre ou peindre en blanc les murs, les poutres ou les sols. Parfois, il faut néanmoins se résigner à avoir des espaces, souvent des chambres, en second jour.
N°6 : "Un loft pour m'éclater dans la déco"
L'achat d'un loft est le plaisir ultime pour les passionnés de décoration. Il y a d'énormes espaces originaux à meubler, des éléments d’origine à sublimer : des murs en briques ou en pierre, des anciennes poutres, des éléments de conduit d’aération, des escaliers ou des verrières authentiques.... Les sols aussi permettent de se faire plaisir sur la déco avec des grandes surfaces en béton ciré ou en parquet à grandes lattes.
Et en même temps…aménager un loft peut vite devenir un vrai casse tête. Cela peut couter très cher d'abord s’il faut tout refaire à son goût. Ensuite, créer des zones de vie est loin d’être simple dans un grand volume où l’art des proportions importe. On se trouve vite démuni par exemple quant à l'agencement des meubles. Un conseil : investissez l’espace central avec des canapés, des meubles mais évitez de tout poser contre les murs et de laisser du vide au centre. Pensez aussi à adapter à chaque espace de vie sa propre source de lumière et son ton de couleur.
L'achat d'un loft est donc une affaire à considérer sérieusement : c'est une expérience extraordinaire et compliquée en même temps. L’âge moyen d’achat d'un loft est d’ailleurs de 43 ans, 10 ans de plus que la moyenne d'un premier achat. Cela requiert donc de l’expérience, de l’argent... et surtout de bien se connaitre. Alors, prêts ? Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas !
Eric Chatry
Cofondateur de Je Rêve d'une Maison, Eric est passionné d'immobilier et d'innovation avec une vision centrée autour des problématiques des acquéreurs.