Depuis le 16 mars 2020 et le début du confinement en France, plus rien ne semble normal. Tout s’est arrêté d’un coup, tous nos repères sont bousculés. Nos projets de vie sont remis en cause comme celui d'un achat d’appartement ou d’une maison.
Tous, nous nous demandons à quoi ressemblera l’après 11 mai, sortie du confinement, et comment nous pourrons reprendre le fil de nos vies et de nos projets.
Pour les acheteurs immobiliers actuels ou futurs, beaucoup de questions se posent :
Parce que les réponses ne sont pas simples, nous avons créé ce guide Covid et Immobilier.
Véritable journal de bord pour les acquéreurs, il a vocation à évoluer au gré des actualités afin de préparer au mieux la sortie de confinement du point de vue des acquéreurs.
En quelques jours, dès l'annonce du confinement le 16 mars, le marché immobilier s'est mis à l'arrêt. N'étant pas une activité essentielle à la nation, les visites ont été interdites. En quelques jours, toutes les agences et réseaux immobiliers ont dû fermer leurs agences et mettre leurs équipes à l'arrêt.
Les acquéreurs saisis par le choc des annonces ont eu à se prononcer très vite sur leurs projets selon leurs états d'avancement. Plusieurs cas de figure se présentaient:
90% des projets de chasse pour nos clients acquéreurs ont tenu. Nous avons dû passer beaucoup de temps les premiers jours a rassurer certains clients qui étaient très inquiets mais la situation a été sous contrôle assez vite
Eric Chatry Co-fondateur, Je Rêve d'une Maison
Côté offre, le stock de biens uniques en vente sur le marché à Paris par exemple a chuté de -20%, passant de 22 000 en février à 17800 en mars sur Paris.
Le nombre de nouveaux biens mis en vente a quant à lui fondu de -85% sur les portails de diffusion type SeLoger, Le Bon Coin, passant de 300 nouveaux biens par jour en moyenne sur le début 2020 à 40 nouvelles mises en ligne depuis Mi mars.
En effet :
Nb : Les biens uniques sont calculés à partir des annonces publiées sur internet sur 300 sites (portails, réseaux agences, site de particuliers à particuliers) et sont dédoublonnés. En moyenne, 70% des annonces sont en doublons et le nombre d'annonces visibles sur le web est 3-4 fois supérieur au nombre de biens dédoublonnés (Source : Immoscan, Je Rêve d'une Maison)
à Paris Jan-Fev 2020
D’après la FNAIM, 100 000 actes étaient en instruction mi mars 2020 au moment de l’annonce du confinement.
Peu préparée à l’hypothèse d’un confinement et inégalement équipée en signature électronique, la profession a eu objectivement du mal à s’organiser. Il faut admettre que la position des notaires, à la croisée d’enjeux personnels, de micro-entrepreneurs et d’officiers ministériels, n'était pas simple. Pas facile pour un notaire de travailler du jour au lendemain à distance, sans collaborateur ni possibilité d’ouvrir les offices notariaux. Les dernières semaines de Mars 2020 ont donc été erratiques du côté des notaires.
Nous avons pu malgré tout nous organiser avec mes collaborateurs en télétravail et moi dans l'étude. Mais cela n'a pas été simple pour avoir les pièces des parties prenantes. Nous sommes moins efficaces mais on réussit à travailler"
Sylvère Duflot Etude Duflot, Paris
La pratique de compromis tournant a d'abord été mise en oeuvre par de nombreux notaires ou agents habilités. Dans ce mode de fonctionnement, déjà pratiqué quand les parties sont très distantes, le compromis de vente est d’abord soumis à l’acquéreur pour signature, puis il est envoyé au vendeur par le notaire. Ce dernier signe alors à son tour le compromis tournant et le renvoie à l’acquéreur par la poste en courrier recommandé avec accusé de réception.
La parution du décret du 4 avril 2020 sur la signature électronique à distance a eu un effet bien plus positif. En libérant le notaire de l’obligation de présence des parties prenantes pour signifier leur consentement, les procédures de signatures électroniques à distance pouvaient se mettre plus facilement en place pendant toute la durée du confinement.
Plusieurs facteurs néanmoins limitent l’efficacité de signature d’actes de compromis ou actes authentiques :
Même si les banques sont dans la liste des activités de premières nécessité, dans les faits, les agences bancaires depuis le 16 Mars sont en effectifs très réduits et travaillent à distance. Leurs priorités actuelles sont par ailleurs plutôt d'aider les entreprises et les dossiers de prêt immobiliers ne sont donc clairement pas prioritaires. Certaines banques refusent même de traiter de nouveaux dossiers faute de temps.
Au global, on note déjà un rallongement des délais d’instruction et une légère hausse technique des taux même si la situation peu varier selon les banques :
Comme souvent, c'est surtout la qualité de votre dossier qui fait et fera encore plus la différence. Revenus élevés et apport personnel important vous feront passer devant les autres dossiers.
A noter que pour s’adapter au contexte de la crise et des clients en stress, la plupart des banques françaises ont ajouté des dispositifs flexibles dans leur offre de prêt, notamment à la modularité des mensualités et à l'option de report des mensualités.
Pour aller plus loin : Les 12 questions à se poser quand on est acheteur immobilier
Le sujet des délais de rétractation a fait l’objet de nombreuses interprétations et polémiques, notamment de la part des agents immobilier qui se sont inquiétés tout le mois d'avril de l’impact sur les délais de transactions.
En effet, l’ordonnance n° 2020-306 du 25 mars 2020 conçue en urgence pour protéger les acquéreurs a eu l'effet d'une petite bombe.
Par ce texte, le délai de rétractation (dit délai SRU) de 10 jours était suspendu et pouvait commencer un mois après la levée de l’état d’urgence prévue le 24 Juin. Concrètement, cela voulait dire que les acheteurs avaient la faculté de se rétracter jusqu’au 3 juillet 2020 sans avoir à donner de raison ni à subir de pénalité financière.
Néanmoins, la situation mi avril semblait devoir évoluer :
Latest News :
Comme anticipé, l’ordonnance n°2020-427 du 15 avril 2020 a été publiée au Journal Officiel. Cette ordonnance remplace le texte de l'ordonnance du 25 mars et revient sur tous les allongements des délais. Cela signifie donc que les modalités de 10 jours sont de nouveau d'actualité et qu'il n'y plus de de prorogation du délai de rétractation.
Convenons-en, cette crise n’est pas une crise comme les autres. Elle n’est pas financière, ne vient pas d’une bulle quelconque ou d’une dérive du système économique quoique l’on en pense. Elle n’est pas politique non plus quelle que soient les tensions internes ou internationales. Elle n’est pas sociale et ne dresse pas une partie du peuple contre une élite.
La crise est sanitaire : elle touche le monde entier, toutes les strates sociales, toutes les géographies et personne ne la domine vraiment. En ce sens, elle inquiète et suscite des réactions encore plus fortes de recherche de sécurité.
C’est là que la valeur refuge de l’immobilier rentre en jeu. Initialement portée sur l’or, la notion de valeur refuge à partir des années 70 de forte inflation s’est fortement développée. Elle a perduré jusqu’à aujourd’hui alors même que l’inflation a disparu.
Déconnectée de la valeur intrinsèque du bien, la valeur refuge de l’immobilier est surtout le signe aujourd'hui d'un attachement viscéral des Français à la pierre. Sans prendre trop de risque, il est raisonnable d'imaginer un effet report vers l'immobilier :
La pierre qui représente déjà 61% du patrimoine des français est ce qui reste quand les actifs financiers et les entreprises elles-même peuvent elles fondre ou disparaître en quelques semaines.
Le choix fait pour le moment par la nouvelle patronne de la BCE, Christine Lagarde, ancienne ministre de l’économie pendant la grande crise économique de 2008-2010 est de soutenir l’économie en maintenant des taux bas.
Cela va mi avril jusqu’à proposer aux banques un assouplissement des règles de supervision afin de leur permettre de puiser dans leurs coussins de fonds propres contra-cycliques (CCB) face à la volatilité du marché et des pertes importantes.
L'Etat français et les organismes internationaux bancaires sont donc allègrement en train de sortir des dogmes financiers habituels pour offrir des garanties aux banques afin qu'elles puissent stimuler le crédit dans la zone euro.
A noter qu'il ne s'agit pas là d'une faveur, mais plutôt de les aider à jouer leur rôle de banquier car le contexte pré-Covid des banques était plutôt sain. C’est la grande différence avec les crises précédentes.
Tant que ce scénario se déroulera, une crise financière majeure sera évitée.
Notre prédiction est donc une augmentation légère (0,3-0,5%) des taux, faisant suite au resserrement déjà opéré par le Haut Conseil de la Stabilité Financière (HCSF) en Décembre 2019 avant la crise Coronavirus.
Pour un emprunteur dans le contexte Covid, il n'y aura donc :
Les banques risquent de rester raisonnables tant qu’elles le peuvent et je ne vois pas les taux progresser d’ici à la fin d’année de plus de 0,3-0,5 points, certainement pas au dessus de 2% ce qui reste faible en terme de coût pour un emprunt immobilier
Olivier Jourdan, CEO HelloPrêt
Cette crise est néanmoins évolutive et plusieurs facteurs pourraient modifier la donne :
Côté offre, doit-on s’attendre à une augmentation de biens en vente, notamment à Paris et région parisienne ? Plusieurs facteurs plaident en ce sens :
Il est donc probable que l’offre de biens post-Covid augmente et dépasse même sur Paris le niveau de 22 000 biens uniques en stock dans l’ancien en moyenne début 2020 par exemple.
Côté demande, la pression sur le pouvoir d’achat risque d’être un élément déterminant dans le choix des acquéreurs de démarrer, poursuivre ou arrêter un projet d’achat immobilier.
En particulier :
Au delà des aspects économiques, nous assisterons à l'émergence de nouvelles psychologies et comportements acquéreurs notamment :
Malgré ces inquiétudes, faut-il craindre un effondrement de la demande ? En réalité, la réponse dépend des régions et villes. Tout dépend du rapport entre l’offre et la demande, de la tension du marché. Au niveau national, 70% des acheteurs confirment vouloir acheter même dans le contexte actuel (étude SeLoger Avril 2020 sur 2500 acquéreurs)
A fortiori à Paris, il est peu probable que le marché parisien s’effondre tellement la demande est supérieure à l’offre.
Depuis une dizaine d’années et particulièrement depuis 2015, le marché immobilier à Paris a en effet progressé en prix par m2 de 8% par an en moyenne. D’une certaine façon, il était devenu “fou”. La tension était telle sur les biens que les appartements ou maison de qualité se vendaient en quelques heures ou jours, souvent avec plusieurs offres au prix.
L’expérience d’achat était particulièrement délicate et difficile à vivre depuis 2 ou 3 ans :
En fait, sur les marchés tendus comme Paris, l’acquéreur avait tendance à être un peu "l’idiot utile de l’immobilier". On en a besoin mais on ne le respecte pas beaucoup non plus car on sait qu’il finira par acheter de toute façon.
Dès lors, la crise du coronavirus va rééquilibrer le marché avec un impact finalement favorable aux acquéreurs. Ceux-ci seront en meilleure situation pour bien choisir, bien acheter et mieux sécuriser leur projet.
La fin des années (trop) fastes des vendeurs est donc tout sauf un drame pour les acheteurs. C’est même une opportunité.
Pour MeilleursAgents, le marché immobilier pourrait bien résister au Coronavirus ce qui conforte l'analyse de marché de Je Rêve d'une Maison.
Néanmoins, le Covid ne touchera pas tous les secteurs immobiliers de la même façon :
Dans le contexte Covid, le marché d’investissement locatif sera contrasté et incertain.
En positif, certains facteurs qui vont doper le marché de l'investissement dans la pierre :
A l’inverse, en négatif, le marché locatif va subir un contrecoup important de la crise du Coronavirus car :
L’investissement locatif dans l’ancien devrait néanmoins mieux résister au global.
Ce sera notamment le cas pour des appartements familiaux et les petites surfaces sur des durées plus longues de location, moins rentables donc qu’en saisonnier mais plus sécurisantes sur le long terme et dans le contexte Covid.
Plusieurs segments de marché résisteront mieux que d'autres en volume et en prix dans l’ancien, notamment :
A noter que pour les propriétaires vendeurs et acheteurs, un équilibre naturel se fera entre la valeur de leur bien à vendre - peut-être moins élevée que imaginée au départ- et un futur achat - plus accessible en retour.
Malgré l’afflux de biens adaptés aux premiers achats immobiliers, la situation ne sera pas simple pour les primo-accédants. Plusieurs raisons expliquent cette situation :
La première question à se poser lorsque l’on a un projet en cours est de savoir s’il faut continuer ou arrêter. Plusieurs options peuvent donc se présenter :
Dans le contexte Coronavirus, l’attentisme n’est peut-être pas une bonne solution. Les prix de l’immobilier à Paris et région parisienne ne vont pas chuter fortement et les taux pourraient remonter légèrement. Un simple calcul financier n’est peut-être pas la meilleure façon d’aborder le changement de paradigme actuel.
En effet, la crise risque de questionner des besoins plus fondamentaux et des changements de modes de vie, notamment :
Se lancer dans un projet d’achat immobilier va nécessiter encore plus de réflexion et de préparation qu’avant la crise sanitaire. En effet, de nombreuses incertitudes vont compliquer l’évaluation de la faisabilité d’un projet
Dans un contexte de grande incertitude, évaluer la faisabilité de son projet et définir une stratégie avec un chasseur comme Je rêve d’une Maison peut-être un vrai atout.
En sortie de confinement, toute interaction sociale va devenir problématique : peur d’être contaminé, peur de contaminer ensuite, pression sociale de la famille et des collègues pour ne pas prendre de risque et de rester chez soi ou dans un environnement sécurisé.
A ce titre, il est évident que des nouvelles considérations pour des visites d’appartement ou de maisons sont à prendre en compte :
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Comment négocier et faire passer des offres en période post Covid. Fondamentalement, les mêmes bonnes pratiques vont persister avec encore un peu plus d’acuité car désormais, une négociation bien menée aura de bonnes chances de réussir :
Le besoin de confiance et de transparence des acquéreurs est permanent. Pour de nombreux acheteurs, la nécessité d’avoir de l’aide pour bien analyser les risques d’un achat va grandir en période de crise économique. En particulier, cela va se traduire par le besoin de :
Passé 3-4 semaines de blocage au niveau des actes notariés, la profession a recommencé à s'organiser. Les instances professionnelles des notaires et l'Etat ont désormais la volonté de faire avancer les projets en cours en adaptant leur mode de fonctionnement en confinement. L'idée : éviter de gripper l'économie et de créer un engorgement des opérations en Juin. Voici les enseignements principaux sur ces sujets.
Prêts en cours, futures demandes de prêt, augmentation des taux, resserrement des conditions d'octroi, cette crise inquiète sur une possible complication du financement immobilier dans les mois à venir. Nous avons donc consulté les meilleurs experts du crédit et résumé ici l'essentiel des réponses et interrogations légitimes des acquéreurs.
Pas facile de s'y retrouver et de savoir comment le marché immobilier va évoluer dans un contexte incertain. Mais cela ne doit pas nous empêcher de vous partager nos réflexions et scenarii de sortie de crise pour mieux vous éclairer dans vos choix et projets. En toute humilité, avec prudence mais en toute sincérité.